Un poème de Sully Prudhomme (1839-1907)

Publié le par ..

Un poème de Sully Prudhomme (1839-1907) pour ceux qui meurent chaque jour en Algérie au nom de je ne sais quelle connerie !

Les yeux
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux,
Et le soleil se lève encore.

Les nuits, plus douces que les jours,
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours,
Et les yeux se sont remplis d'ombre.

Oh ! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;

Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent.

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux,
Les yeux qu'on ferme voient encore.

(Stances : la vie intérieure)

 

Publié dans algerie-dz

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Il te suffisait de me demander la permission avant de piquer ce poème de Sully Prudhomme.<br /> Djamila
Répondre